Il n’y a pas de quoi rêver

Comment ne pas en convenir, nous vivons une époque singulière ayant perdu beaucoup de nos repères ! Douze ans sont passés depuis le déclenchement de la crise, mais ses effets profonds se font toujours sentir, quand bien même elle ne tient plus le haut de l’affiche. De financière à l’origine, elle est devenue économique, sociale et politique. Elle a désormais acquis une dimension psychologique qui rejaillit sur les autres domaines.

Trop facile de se faire du mal

Après avoir longtemps occupé le devant de la scène, la crise financière a fini par céder la place. Seuls les financiers et les sommités académiques spécialisés s’en préoccupent encore. L’une d’entre elles, Kenneth Rogoff, s’inquiète ainsi du déplacement du risque vers le système financier de l’ombre et le place dans le contexte d’un endettement mondial approchant les deux cent mille milliards de dollars.

Les bonnes idées ne meurent pas, elles sommeillent quelquefois

Tout a commencé lorsque, en guise de régulation sur le thème « plus jamais ça », les régulateurs des deux côtés de l’Atlantique ont esquivé l’essentiel, c’est à dire la spéculation financière. Logiquement, la certitude s’en est suivie qu’une nouvelle crise allait immanquablement survenir, argument martelé afin que les banques centrales s’y préparent en se redonnant des marges de manœuvre. Nous en sommes là.

Nos certitudes sont-elles un luxe ?

La crise est désormais globale. De financière, elle est successivement devenue économique, puis sociale et politique. Aujourd’hui, elle prend également les traits d’une guerre commerciale mondiale, comprenant des offensives sur le terrain monétaire.

Les interrogations se multiplient, les prévisions sont illusoires, une forte dynamique s’exerce. Et d’une certaine manière nous nous y sommes faits. La fin des idéologies n’avait-elle pas été prédite pour que ne soit conservée que celle qui défend les avantages acquis des nantis ?

Emmanuel Macron, un président de et pour l’ancien monde

Par Jean-Michel Servet

La différence de générations entre le président français, 40 ans, et les deux journalistes qui l’ont interpelé pendant plus de deux heures trente le 15 avril dernier, Jean-Jacques Bourdin, 69 ans, et Edwy Plenel, 65 ans, aurait pu laisser penser qu’Emmanuel Macron incarnerait la jeunesse et ses deux interviewers l’ancien monde. Il n’en a rien été. Non seulement parce que le président portait cravate et les deux journalistes pas ; parce que ceux-ci n’ont jamais désigné le chef de l’État par son titre protocolaire ; ou encore parce que les symboles des drapeaux français et européen avaient … Lire la suite